

Julie a profité de l’expérience pour s’amuser avec l’aquarelle et peindre les différentes ambiances qu’elle a traversées.


Au soir de ta vie, ta plus grande satisfaction viendra de l’amour que tu auras eu pour les autres, de la manière dont tu les auras aimés. Et tu seras jugé là-dessus.


Février 2020, rencontre avec Sophie et Laurent. Assise dans un tipi, lui-même construit à l’abri d’une chapelle souterraine, grâce à un air d’accordéon et de piano, je pars en voyage. Je me retrouve plongée au coeur de l’océan, tour à tour tumultueux puis extrêmement doux. Je sens le sel, le vent, le sable… Alors même qu’il est composé par deux inconnus, ce portrait musical me donne l’impression de me redécouvrir : à travers leurs notes, ils peignent une personne plus forte, plus solide, plus confiante que celle que je suis. Cette version de moi est-elle celle que je rêverais d’être ou celle que je n’ose pas être ?


De légers papillons m’emmènent danser dans une envoûtante mélopée


Le parfum de la boulangerie
Huit heures. Je file en scooter à l’hôpital, mon travail. Il fait froid. Un peu de brouillard, mais la route est sèche. Des parents accompagnent déjà leurs enfants à l’école. Ça y est, j’ai les mains froides. Je pense à cette foutue collecte de fonds. Cette année, c’est un million qu’il faut trouver… un million ! Les soucis arrivent, se croisent. Mon scooter me conduit sans moi. Je vois au loin le feu près du garage Renault qui vient de passer au vert. J’accélère à fond pour dépasser la file et profiter de ce créneau. Et là, je suis soudainement traversé par l’odeur d’une boulangerie. Tout s’apaise, tout s’efface en un instant. Ce n’est pas l’odeur du pain chaud, pas celle des croissants, pas celle des pains au chocolat ni celle des bonbons, mais celle de la boulangerie. Subtil mélange, chaud et légèrement acidulé. En croisant d’autres enfants, je me revois petit avec Nicole, ma cousine, achetant « un pain moulé et un paquet de biscottes Clément ». Une grande responsabilité confiée par ma mère. Je nous vois revenir gaiement dans cette petite rue, le pain à la main, croquer coupablement le croûton délicieux et imaginer un quelconque mensonge à ce sujet : « C’est un lapin qui l’a mangé !» Nous regardions toujours des lapins dans un jardin par un petit trou entre les briques rouges du mur qui longeait le trottoir. Toute la rue était baignée par cette odeur unique de boulangerie, parfum simple et léger d’un bonheur insouciant. Où suis-je ? J’ai raté la bretelle vers l’autoroute. Pas grave, je passerai par Nogent. Ça ira, mon rendez-vous peut attendre un peu et puis ce n’est pas lui qui donnera un million ! En croisant d’autres boulangeries, je ralentis et je hume, espérant retrouver le bel instant de tout à l’heure. Mais rien de pareil. C’est certain, en rentrant ce soir, j’irai acheter mon pain dans cette nouvelle boulangerie près du garage Renault, et j’appellerai Nicole.


Entre la photo et ce texte, l’épisode du confinement nous a fait vivre à tous une expérience bien particulière. Sans pouvoir me promener au bord de l’eau comme j’aime, j’ai navigué sur le fil de mon souffle pour continuer à respirer le courant de la vie


Au bord de l’eau, je me promène. Légèreté, insouciance et délicatesse ! Ces trois mots, à eux seuls, s’imposent dans ma bulle et résument mon allégresse. S’est envoyé une carte postale depuis cet espace temps-là.


Il a suffi de se laisser porter par les instruments pour replonger dans ma tête. Cette tête qui chaque jour doit prendre de multiples décisions. La musique résonnait comme un échange entre plusieurs petites voix dans ma tête qui discutent, se contredisent et dialoguent pour prendre des décisions.


Au travers d’un rythme puissant et d’un chant lyrique se cache un monde féérique, paisible, lumineux, presque blanc, voire transparent. Un univers étrange mais pas étranger. La puissance sonore déjoue-t-elle l’apparence de l’image ?


Dans le sombre, avancer pas à pas Enveloppée de rouge, À la lumière de la bougie Indiquer le chemin L’éclaireur repère les lieux Guidée par cette lumière ténue Tel l’enfant quittant la matrice Pour arriver entre leurs mains
Chemin accidenté Lumières chaleureuses L’aventure Avancer, avancer Se retourner Tout le monde est là ? Jamais jamais nous enveloppe et nous révèle


Je ne me souviens plus très bien, je dirais même que c’est assez flou. Pourtant je fais ce trajet depuis toujours, c’est ma trajectoire du point de départ vers le point d’arrivée. Et ce jour-là, je crois que j’ai changé de voie sans même m’en rendre compte. Pourtant j’arrive, j’y arrive.




Tout autour de moi je sens la joie, la vie. J’aime ressentir l’explosion et l’énergie qu’il y a en moi, comme un cheval galopant le long du chemin de sable blanc en bord de mer.


Tout autour de moi je sens la joie, la vie. J’aime ressentir l’explosion et l’énergie qu’il y a en moi, comme un cheval galopant le long du chemin de sable blanc en bord de mer.


Ces moments du passé à tes côtés Mes moindres traits qui sont les tiens Tes yeux m’offrant le plus doux des sentiments… mais tout bascule en un instant


Mon idée était de retrouver l’esprit musical des années 70/80 à travers une pochette de vinyle imaginaire, qui sobrement met en avant le punk-rock et toute son énergie. Tout ça associé à un fond vert qui rappelle mon attachement à la nature et son bien-être


En cette période un peu difficile j’ai trouvé la musique qui m’était proposée assez grave ; elle reflétait sans doute mon état d’âme en cette période Covid. Alors pour le portrait photographique nous avons cherché à amener tout ce qui pourrait me faire du bien :
- Du vert et du bleu, deux couleurs qui me font penser aux natures que j’aime : les champs bretons en bord de mer ou les cimes des sapins sur un ciel d’été
- Des personnes en pagaille : famille, amis, collègues… sans eux je ne suis rien
- Un peu de soleil sur le visage et la possibilité de regarder vers le haut, vers l’avant… pour continuer à avancer avec enthousiasme


D’abord l’odeur des bébés….quand on enfouit son nez dans le cou de son bébé, cette odeur que l’on reconnaitra toujours entre mille, inimitable, sucrée et porteuse de tant d’émotions. Ils grandiront, l’odeur changera mais le souvenir toujours restera des câlins de l’enfance. Puis l’odeur de la brioche dans toute la maison, amenant la salive à la bouche, ouvrant l’appétit. La machine à pain fait son œuvre et répand son arôme, la brioche sera prête pour le petit déjeuner demain matin, mais en attendant tout le monde en croquerait bien déjà, petits et grands.
L’odeur des roses, les roses pourpres du jardin de Saint-Claude, d’un vieux rosier hors d’âge. Les pétales sont épais comme du velours d’un rouge sombre et profond, l’odeur s’exhale le soir à la brume, capiteuse, envoutante. Tout l’été, le jardin embaumera.
D’autres odeurs de la nature viennent ensuite, le sous-bois après la pluie, la mer et son parfum iodé, le tilleul en fleur dans la cour, le chèvrefeuille croisé au cours d’une promenade qui court le long d’un mur, la fumée de la cheminée lorsqu’on l’allume aux premiers froids, le feu de bois et la tourbe comme dans un single malt écossais.
Enfin, les odeurs liées au travail. Remugles de vomissements mêlés aux odeurs corporelles, désinfectant et transpiration, souvenir des souffrances des patients dans le face à face qui nous rapprochait. Et puis, l’odeur indéfinissable des couloirs des chambres de garde, ces longs couloirs obscurs, déserts, mal éclairés, souvent au fond d’un bâtiment antédiluvien, mélange de poussière, d’humidité et de renfermé, que je retrouve encore parfois à l’AP-HP et qui ne parle qu’à moi quand on va se coucher tard, seule, épuisée, dans la nuit.


un champ très vaste joyeux et profond à la fois des baobabs et moi au milieu comme une reine d’Afrique majestueuse


Jusqu’à ce que la mort nous unisse


Rêverie
Balade au Parc Montsouris le dimanche matin, cheveux au vent, chaudement vêtue, je suis bien…
L’air frais du matin me donne du tonus et du punch.
Soudainement, spontanément, les grands espaces et le ciel m’appartiennent, rien qu’à moi…
Je me délecte de cette nature magnifiquement belle qui s’offre le cœur grand ouvert.
Les arbres me font un clin d’œil très sympathique, me sourient gentiment et agréablement, me comblent de bonheur et de joie de vivre…
Sur le plan d’eau scintillant, les canards habillés de leur plus beau plumage vert tourbillonnent, se pavanent et me saluent.
Le cygne au bec rouge a mis sa jolie robe noire plissée pour me recevoir.
La cascade déverse son eau claire et limpide ; elle m’aperçoit, me fait signe de me rapprocher.
Ici et là, mesdemoiselles Jonquilles et Tulipes ont revêtu leur jupe jaune et commencent à flirter avec leur nouveau compagnon le soleil.
Mes amis, les oiseaux aux ailes blanches m’accueillent, m’invitent chaleureusement à leur danse, emportée par la danse, JE M’ENVOLE…


La pluie est aussi belle que le soleil


Portraits croisés, histoires de vie, échanges…. Un instant un peu hors du temps et de l’espace. Surprenant, intéressant….. à vivre…


L’espérer, c’est le perdre
Le manquer, c’est le perdre
L’avoir, c’est le perdre
Le lâcher, c’est le préserver


La vie.. Cette valse viennoise qui vous égare parfois, mais vous promet toujours que le bonheur est proche. On avance,on explore, on s’amuse de soi. et la Lumière est là, allons-y , n’ayons crainte


Sanguinet. Les épines de pins jonchent le sol aride. L’odeur qui s’en dégage est comme un million d’étoiles qui me piquent le nez. Au loin, j’entends les rires joyeux de la tablée. Une partie de cartes en cours qui n’en finit plus d’amuser. Des pignons dans la salade, du magret de canard, une tourte landaise. La fumée des Gauloise sans filtre de mon père.


Mélopée chamanique aux accents mineurs,
Face au feu grimé, le masque se cache,
Derrière le visage, et derrière l’ombre


Comme cette prairie me paraît vaste ! Emplie de verdure, mes yeux s’égarent, je tremble, j’ai froid, Mais je marche droit devant moi. Le vent me porte, me guide je ne sais où, qu’importe,j’ai confiance. Bercé de lumière et d’ombres, Il m’appelle, ses bras m’enveloppent. Il est là, seul au milieu de nulle part. Je le touche doucement, le frôle du bout des doigts, Ma peur, je la sens qui s’envole, Je m’assois, m’adosse à lui et m’imprègne. Mes yeux se ferment, mes sens s’éveillent. Comme je suis bien, légère comme une feuille, Comme je me sens bien. Protégée, envahie de douceur, Eloignées de moi, ces mauvaises vibrations, Au loin ce tumulte, ces mots incompris, Ces maux douloureux. A la fois si loin et si proche à la fois. Ces murmures dans ses feuillages, Je suis là où je veux être, Je suis là où je dois être. A tes pieds, toi mon protecteur Le sauveur de mon âme, Si Majestueux. Comme je suis bien. Comme tu es beau. Merci.


Nos nuits visitées de tumultes, d’orages, de peurs
Nos mêmes nuits éclairées d’étincelles, de lumière, d’étoiles joyeuses et scintillantes
Nos existences dont la nuit n’aura jamais le dernier mot
Nos existences livrées à la Lumière qui éclairera toute chose. Arc-en-ciel toujours en attente


Ici à l’hôpital, au printemps, à partir de 3h du matin, on entend les oiseaux. Je travaille de nuit. La nuit c’est calme, c’est apaisant. Comme il y a beaucoup d’arbres, les oiseaux viennent dans le jardin, au moment où Paris est calme - et eux ils chantent.


Révolution… la serpenta canta. Quelques pas, par brassées de secondes en arrière entre du silence sculpté par les disques du soleil (levant) et de l’acier et l’épaisse fumée rouge décibel de l’iguane.


Réveil nocturne La tristesse et l’angoisse me guettent, tapies au creux de mes draps, de mes bras Folle étreinte pesante Eveil, respiration Je monte sur le ring, la joute commence Elles m’enveloppent, dansent autour de moi J’avance droit devant sans fléchir, pas d’esquive, la tête haute Elles s’éloignent, J’ai gagné le combat, Me rendors, Paisiblement.


J’embrasse avec ardeur les plaisirs que le temps me laisse L’heure qui passe lentement pleure la chanson du souvenir


Se laisser entraîner par les notes pour se découvrir, prendre le temps d’un voyage intérieur : fermer les yeux pour mieux se voir.


Chercher ailleurs
Alors que les mots des patients sont lourds d’émotion, de peur, de douleur, je m’en vais chercher ailleurs la parole, l’image que je vais leur tendre comme un fil pour les relier à la vie, même lorsque celle-ci se délite en pointillé….
Mon regard alors part ailleurs, par-dessus mes lunettes, hors cadre, toujours hors cadre….
